 
          Marstrand, dans l’archipel de Göteborg, bout de terre détaché de la
        
        
          province de Bohuslan, est une île magique. Montagneuse, située à la latitude
        
        
          des Highlands écossais, c’est un poste avancé en direction de la mer du Nord.
        
        
          Cette île a une histoire. Son fort, bâti au sommet de la masse rocheuse qui la
        
        
          compose, a dû subir deux fois l’assaut des Danois, anciens maîtres des lieux.
        
        
          Rendu définitivement à la Suède, il devint prison et abrita des pensionnaires
        
        
          originaux. Gustave III fit de Marstrand une ville franche, s’adonnant au
        
        
          commerce et à tous les excès qui y sont liés, au point que les habitants
        
        
          demandèrent l’abolition du statut. Ils préférèrent se consacrer à la pêche au
        
        
          hareng, mais celui-ci, capricieux, n’apparaissait que quelques années avant de
        
        
          s’absenter durant des décennies. Finalement Marstrand s’est trouvé une
        
        
          vocation durable : celle de station estivale, mise à la mode par Oscar II, le petit-
        
        
          fils de Bernadotte, à la fin du 19
        
        
          e
        
        
          siècle, escale favorite des yachts hantant les
        
        
          mers nordiques. Axel Egnell, grand-père de l’auteur, fils du pharmacien de l’île,
        
        
          la quitta pour faire de brillantes études en France, puis s’y marier, ajoutant une
        
        
          « franska saga » à la chronique déjà millénaire du lieu.