MARSTRAND - Histoire d'une île - page 66

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repas qu’ils méritaient ». Il ne restait donc à Gyldenlöwe qu’à faire prendre au
sérieux ses menaces et il ne perdit pas un moment.
La conquête des ouvrages extérieurs
Sa première attaque fut dirigée contre Hedvigsholmen (aujourd’hui
Kvarnholmen). En quelques jours ses mortiers formèrent des batteries, qui
ouvrirent le feu sur la redoute. Celle-ci était commandée par le lieutenant-
colonel Andreas Björnsköld. Ce dernier avait sous ses ordres 60 hommes, des
gars tout nouvellement engagés venant de la province de Skaraborg, qu’on
appelait des « sjettingar » (sixièmes). Bien qu’ils n’eussent que tout récemment
guéri de lourdes fièvres, ils n’en offrirent pas moins la plus courageuse
résistance. Depuis les batteries de Koön, qui ne pouvaient être atteintes par le
feu de Carlsten, la petite redoute fut arrosée d’une pluie de bombes et de balles.
Les murailles furent mises en pièces, la maison d’habitation prit feu et resta,
après l’extinction de l’incendie, à ce point endommagée qu’elle était inutilisable
comme logement. Mais Björnsköld sut se débrouiller avec peu de moyens. Les
minces murailles étaient réparées chaque nuit et les soldats purent se terrer sous
les talus pour trouver un lieu de repos. La résistance se poursuivit inentamée.
Gyldenlöwe, qui craignait que la garnison ne reçût un renfort de Göteborg,
décida alors de risquer le maximum et de tenter un assaut. Dans la nuit du 12 au
13 juillet il fit embarquer dans ce but 300 hommes sur des bateaux et des
barques, qui mirent le cap sur Hedvigsholmen. Mais aussitôt arrivé à portée de
tir les bateaux furent accueillis par le plus violent des feux de mousqueterie.
Certes quelques éléments de la troupe réussirent à gravir la rive rocheuse, mais
chaque fois qu’ils tentèrent de prendre d’assaut les talus, ils furent repoussés.
Après six heures de combat les Norvégiens finirent par occuper un
magasin, mais Björnsköld y fit aussitôt mettre le feu à avec des couronnes de
poix brûlante. Bien que les Norvégiens après chaque assaut repoussé reçussent
des renforts tout frais, ils durent finalement à la tombée du jour se retirer. Or
leurs bateaux étaient surchargés. Nombre d’entre eux sombrèrent avec les
hommes et le reste. Leurs pertes au cours de cette nuit terrible atteignirent au
moins 300 morts ou blessés. Les Suédois eux aussi avaient considérablement
souffert. Björnsköld lui-même avait été blessé au commencement du combat
d’une balle qui lui avait emporté la main droite. Il avait pourtant vaillamment
tenu bon jusqu’à la fin. Il était si épuisé de la perte de sang qu’il fut dans
l’obligation de demander au commandant de le relever de sa charge, pour qu’il
puisse recevoir l’aide du seul chirurgien de campagne disponible, qui se trouvait
à Carlsten.
Le départ de Björnsköld fut une lourde perte. C’est aussi ce qui décida de
l’issue de la défense. Le 15 juillet au point du jour l’ennemi réussit avec ses
canons et ses mortiers lourds à raser toute la muraille d’un des côtés de la
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