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redoute. Ainsi la garnison ne pouvait-elle plus longtemps arrêter un assaut. Le
nouveau chef de la place envoya un messager à Sinclair pour demander ce qu’il
devait faire en pareille occurrence et reçut pour réponse qu’il devait rapidement
se retirer sur Carlsten et faire voler en éclats le fortin. Tout ce qui était encore
consumable fut mis à feu et l’enseigne d’artillerie mit des mèches allumées aux
quartiers de poudre, après quoi la garnison sauta dans les bateaux et traversa
jusqu’à Marstrand. Quand Gyldenlöwe vit comme les flammes jaillissaient de la
petite redoute, il y expédia quelques prisonniers condamnés à mort, leur
promettant que s’ils éteignaient le feu ils seraient graciés. Ceux-ci réussirent à
éloigner des quartiers de poudre les mèches allumées, que l’enseigne d’artillerie
avait faites trop longues.
En même temps qu’il ouvrait le feu contre Hedvigsholmen, Gyldenlöwe
avait fait donner l’assaut à Malepert. Là aussi la garnison avait résisté coura-
geusement avant d’être forcée à abandonner la redoute et à se réfugier sur
Marstrand.
Gyldenlöwe n’eut besoin que de quelques jours pour remettre en état les
redoutes capturées. Quand ceci fut fait, il ouvrit un feu violent contre la ville, à
laquelle ensuite il fit donner l’assaut de trois côtés le 19 juillet. La défense ne
dura pas longtemps. La petit communauté n’avait pas d’armes et n’offrit qu’une
faible résistance. Dès que la ville fut prise, l’assaut fut donné aux blockhaus, qui
furent pris du premier coup. On attendait une résistance plus importante du fort
de Gustafsborg, commandé par les capitaines Eric Kosköld et Bengt Uggla. Or,
bien qu’ils eussent reçu l’ordre exprès du commandant de tenir bon jusqu’au
dernier homme, ceux-ci ne firent pas la moindre tentative pour résister, mais,
aussitôt que les bateaux de l’ennemi se rapprochèrent de la plage,
s’empressèrent de fuir avec toute la garnison vers Carlsten, ce qui leur valut un
« savon ».
Carlsten capitule
Il ne restait maintenant des puissantes fortifications que le seul fort
central de Carlsten. Celui-ci était néanmoins jugé pouvoir défier toute la valeur
norvégienne, inaccessible qu’il était dans sa position élevée sur le rocher. Mais
aucun obstacle ne résista à la persévérance de Gyldenlöwe. Il fit sans délai
amener les plus grands bois de mât qui pussent se trouver dans la région et leur
attacha de lourdes chaînes de fer, avec lesquelles, aidé de ses hommes, il hissa
les plus gros de ses mortiers sur une éminence rocheuse juste au nord du fort, au
dessus de l’actuel parc Saint-Erik. Le travail fut extrêmement laborieux. Les
Suédois cherchèrent à le gêner par tous les moyens. Mais les Norvégiens
arrivèrent avec leurs bateaux si près de la paroi rocheuse que les coups de canon
du fort n’eurent aucun effet. Gyldenlöwe prit part lui-même au travail comme
un simple soldat. Le 22 juillet au matin sa batterie était prête. Ses mortiers