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Il resta là un certain temps, habillé en matelot hollandais, mais réussit
assez vite à poursuivre son voyage et communiqua ensuite au roi ses
observations sur Carlsten en même temps qu’il sollicitait le commandement
d’un navire de guerre, bien qu’il n’eût que vingt ans. De fait on lui confia assez
rapidement un petit cotre, le « Serpent », de quatre canons, avec lequel ensuite il
eut l’occasion de croiser le long de la côte du Bohuslän.
Ainsi commença-t-il sa carrière de grand marin. Les dix années qui
suivirent furent pour le jeune homme une époque de combats quasi
ininterrompus. Il monta en grade chaque année jusqu’à atteindre celui de
schoubynacht (amiral). Enfin le 2 février 1716 il fut annobli sous le nom de
Tordenskiold « pour sa fidélité dans le service et sa bravoure passées et à
venir », le nom pouvant signifier aussi bien « terreur et tonnerre » pour les
Suédois que « bouclier » pour les Danois!
Un livre entier a été écrit sur Tordenskiold et ses batailles, qui dans la
plupart des cas se finirent en victoire grâce à son audace, mais la dimension de
ce livre interdit d’y mentionner d’autres événements que ceux qui concernent
Marstrand, ville à laquelle son nom est fortement lié du fait de la conquête de
Carlsten en 1719
La conquête de Carlsten en 1719
Dès avril de cette année-là Tordenskiold arriva à
Göteborg avec une flotte de 7 vaisseaux de ligne
équipés au total de 350 canons, 2 autres navires armés, 2
chalands armés, 2 batteries flottantes, 1 galiote-
bombarde et 5 galères. Mais, quand le temps lui parut
long sur le fleuve Göta, il eut l’idée d’attaquer
Marstrand, tout en n’abandonnant pas le blocus de
Göteborg.
Carlsten avait à cette époque une garnison de 388
hommes, dont une compagnie formée d’Allemands,
qu’on n’avait pas eu le temps de relever. Une escadre
suédoise de 7 vaisseaux de ligne, 2 frégates, 3 galions, 3
brûlots, 1
chaland armé et 1 galère était à l’ancre dans
le port sous le commandement du chevalier Erik
Sjöblad. Le commandant du fort était le lieutenant-
colonel au régiment de Småland (« le petit pays », Henrik Danckwardt, qui avait
été nommé à ce poste en 1716 par Charles XII « en considération de son
habileté et de la valeur qu’il avait manifestée en toute occasion ». Danckwardt
s’était gagné cette bonne réputation militaire en participant aux nombreuses
guerres de Charles XII. Son année de naissance est inconnue mais il avait
probablement autour de la quarantaine quand il reçut le commandement de
Tordenskiold au siège
de Marstrand
