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souvent éloignée ou la moraine de pierre, l’aménagement d’une telle tombe a dû
certainement être un événement particulièrement important pour la famille
préhistorique concernée. Ces travaux sont antérieurs à ceux des pyramides
d’Egypte, mais procédent de la même inspiration et supposent le même type
d’effort.
Dans la plupart des cas on peut, comme dans celui de la tombe que nous
venons de décrire à Koön, observer une certaine méthode dans la construction
de ces tombes, avec des murs faits de pierres sélectionnées à cet usage,
présentant le côté lisse vers l’extérieur. Les côtés de la tombe généralement ne
s’élèvent pas tout droit jusqu’au sommet mais montent obliquement pour former
une terrasse plus petite à environ un mètre au dessus de la base. La chambre
funéraire a des murs extérieurs perpendiculaires. Ces tombes contenaient
originellement des coffres de pierre pour le cadavre entier ou, aux époques
tardives de l’âge de pierre, une petite cavité avec les cendres du défunt.
Quelquefois ces dernières sont mises dans une sorte d’urne. On peut observer
une tombe de ce type à Marstrand même, sur la hauteur appelée colline de Saint
Erik, dans la partie orientale du sommet de ladite colline.
D’autres vestiges historiques sont visibles au voisinage de cette tombe,
dite tombe de Rosenlund. En effet, à peu de distance de l’édifice funéraire, on
trouve des autres restes de murs ou de retranchements, consistant en deux
rangées de pierres, qui marquent la présence en cet endroit d’un « vikingsborg »
(lieu fortifié viking). De semblables fortifications ont été repérées un peu
partout dans les différentes provinces du pays : dans le seul Bohuslän une
cinquantaine. Ces fortifications sont souvent des ouvrages importants, se
composant d’une ou de plusieurs enceintes de pierre ou de terre, généralement
adossées à des flancs de montagne abrupts. Leur rôle était, en cas de risque
d’attaque ennemie, de constituer un refuge, où les habitants du voisinage
pouvaient se retirer avec leurs biens les plus précieux.
La hauteur en question a constitué autrefois un des sémaphores privés
grâce auxquels le roi Haakon Adelstensfostre donna l’alarme aux guerriers de
son pays, quand les fils de Gunhild venant du Danemark lancèrent leur attaque
dévastatrice dans le Viken
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(ancien nom du Bohuslän). Il fit en effet allumer
sur une ligne de sommets visibles l’un de l’autre des « feux d’alarme » ou des
« déclencheurs » - le point le plus haut de Marstrand, où se trouve aujourd’hui
le fort de Carlsten, aurait été la première station, la hauteur près du Midtsund
(aujourd’hui colline de Saint Erik) la deuxième, Blåkullen la troisième etc. - et,
selon ce que sa chronique rapporte, il put de cette manière mobiliser toute la
Norvège en une semaine.
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« vik » est le mot suédois pour « golfe », dont les Vikings tirent leur nom, ils sont les
« hommes du golfe » - « viken » est « le golfe », devenu aujourd’hui le Skagerrak, au fond
duquel se trouve Oslo (Christiania ou Kristiana jusqu’en 1924)