MARSTRAND - Histoire d'une île - page 11

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peu ont vu leur fond remonter de sorte qu’il n’est plus possible de les franchir
en bateau. A Marstrand une situation de ce genre se présente précisément dans
le vieux canal de l’Albrektsund, entre les îles de Koön et de Klöverön (l’île du
Trèfle), qui la séparent de la Suède continentale, près du lieu-dit « Halsen », où
aujourd’hui c’est à peine si une barque à fond plat peut passer en dehors des
périodes de très hautes eaux. Et pourtant ce canal ne date que de 1782, époque
où il était considéré comme dangereux de l’utiliser à cause de l’important trafic
entre Marstrand et le continent qui l’emprutait. A d’autres endroits encore on a
constaté depuis certaines fenêtres de vieilles fermes que des églises situées à
distance se soulevaient au fil des années de façon à être totalement ou
partiellement visibles alors que, précédemment elles étaient cachées par les
hauteurs situées dans l’intervalle.
K. Lotsverket fit même tailler dans les années 1820 des marques du niveau
de l’eau, dont l’une dans le port de Marstrand (près de la mercerie de Koön en
face de Norrbro) se trouve maintenant un demi-mètre au dessu du niveau
habituel de la mer. La marque de ce type la plus intéressante est cependant celle
qui a été taillée en 1770 dans une des falaises les plus abruptes de Koön par le
capitaine Olof L. Cronstedt à la forteresse de Carlsten en vue de déterminer le
niveau de l’eau pendant la construction de l’ancien canal de l’Albrektsund.
Le repère de Cronstedt se trouve maintenant à 70-80 centimètres au
dessus du niveau moyen de l’eau, cependant qu’une nouvelle entaille pratiquée
en 1847 au moment de la construction du nouveau canal a déjà monté de 40 cm.
Il semble ainsi que la montée du sol se soit accélérée pendant le dernier demi-
siècle - une conclusion qui ressort aussi des récits d’habitants du littoral basés
sur leurs propres observations.
Ces phénomènes, qui sont évidemment le résultat de l’action des forces
volcaniques à l’intérieur du globe terrestre, peuvent d’ailleurs être observés aux
points les plus différents de la planète et sont même depuis longtemps un objet
d’étude scientifique, en ce qu’ils constituent un indice des boulversements et
transformations que la surface de notre terre a connus depuis la nuit des temps.
On dit que Celsius, Linné, Berzelius, Hisinger, Brogniart, Sven Nilsson, Torell,
Lord Selkirk, Charles Lyell, Leopold von Buch, Gwyn Jeffreys etc. ont visité à
différentes occasions le Bohuslän précisément pour étudier ce phénomène.
Il existe même maintenant une théorie tout-à-fait au point concernant ces
changements de niveau signifacatifs, qui se manifestent déjà à l’âge glaciaire
sous la forme de ce qu’on appelé les affaissements glaciaires tardifs, à la suite
desquels la Scandinavie, qui pendant la glaciation elle-même avait un relief
sensiblement plus élevé, s’abaissa de plus en plus, au point que les parties
centrales de la Suède se trouvèrent au dessous du niveau de la mer. Cette mer,
nommée la mer « Yoldienne » (d’après le coquillage « Yoldia Arctica »), était
de la même nature que l’Océan glacial arctique d’aujourd’hui et couvrait les
provinces actuelles de Uppland, Gestrikland, Västmanland, Nerike, Värmland,
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