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quai étaient surveillés. Quand un prisonnier s’était évadé, le tambour d’alerte
retentissait, des crieurs allaient par les rues en appelant sans relâche aux
« voleurs évadés », et depuis le fort étaient tirés quatre coups d’alarme. On peut
s’imaginer la sensation en ville quand un coup bruyant retentissait au milieu de
la nuit, comme en février 1823 où pas moins de 19 criminels et voleurs
s’échappèrent ensemble de la cellule n° 6, percèrent le mur épais d’un mètre
jusqu’à la Porte royale et disparurent.
De sévères punitions étaient fixées pour les infractions commises par les
prisonniers, ainsi de 15 à 20 coups de fouet pour ivresse, 80 coups de fouet ou
le gibet pour insubordination ou non-observation des ordres donnés, et.à cette
fin un Conseil Royal spécial, faisant fonction de tribunal, fonctionnait à
Carlsten. Si en revanche un prisonnier en tuait un autre, ce crime était passible
de seulement 80 coups de badine, qui étaient infligés dans la Cour inférieure
pour le grand déplaisir des familles du commandement vivant à côté.
Dans certains cas plus graves le commandant devait prendre des mesures
plus sévères à l’encontre des « bijoux de la couronne ». Ainsi par exemple cinq
prisonniers qui s’étaient évadés mais avaient été repris furent-ils mis aux fers
avec de grands anneaux autour des jambes, réunis par une chaîne. Dans d’autres
cas étaient rivés sur le prisonnier des boulons, des chaînes et autres pièces en fer
que celui-ci pouvait garder en accomplissant son travail de construction des
murs. Une autre épreuve, destinée également à arracher des aveux, était la
« punition de l’eau », consistant à faire glisser le prisonnier dans le grand
réservoir, où l’eau atteignait un mètre de haut et qui en outre était entièrement
recouvert d’un toit de bois. Il devait rester au fond, dans l’eau et la nuit
permanente d’un noir de poix, jusqu’à ce que son responsable le hissât de là.
Certaines fois les prisonniers se montraient récalcitrants: ainsi ils
refusaient de nettoyer leur cellule quand une visite devait y avoir lieu. Un autre
grand souci était d’empêcher les prisonniers d’emporter leurs outils de travail
dans les cellules en vue d’œuvrer aux projets d’évasion qu’ils avaient imaginés.
Un paragraphe du règlement des punitions, selon lequel tous les pensionnaires
d’une cellule où on retrouvait des outils de travail recevraient chacun 50 coups
de fouet, empêchait quelque peu les tentatives d’évasion, sans toutefois
dissuader les plus audacieux.
Les prisonniers formaient dans leur situation isolée à Carlsten leur propre
république, ayant ses propres strictes lois. Chaque cellule élisait son chef,
généralement le criminel le pire ; et quand l’un des prisonniers s’était rendu
coupable envers les autres, si par exemple il avait rapporté au commandement,
révélé des plans d’évasion ou pour toute autre faute de ce genre, un tribunal
composé de prisonniers était constitué. La sentence devait être rendue
immédiatement et le lot habituel du condamné était la
«
punition de cellule ».
Cette punition raffinée se déroulait ainsi : le prisonnier était ligoté par ses
camarades avec la tête et les épaules entre les jambes; il était ensuite suspendu