MARSTRAND - Histoire d'une île - page 84

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Une intéressante correspondance se trouve aussi dans ces vieux papiers :
la lettre des parents d’un condamné à vie, Jöns Månsson, qui avait été accusé de
meurtre en compagnie de son frère Sven, et qui fit des aveux à Carlsten, pendant
que son frère était prisonnier au château de Landskrona. Au commencement
(1824) on voit que les parents font de grands efforts pour obtenir la libération
de leurs fils, ce dont témoigne une lettre au pasteur Glasell, et même les
habitants de leur commune de résidence s’associent à leur démarche ,
notamment en composant une adresse à Sa Majesté Royale ; mais ensuite
l’intérêt faiblit car dans une lettre à Glasell datée de cinq ans plus tard le pasteur
de la paroisse des Månsson dit qu’il a « finalement poussé les parents de Jöns
Månsson à répondre à sa lettre, mais ils souffrent de ce qu’il a fait, au point de
n’avoir aucune tendresse pour lui, le considérant comme la honte de la famille.
Une fonction très importante du pasteur de Carlsten était de décider quels
prisonniers pouvaient être jugés dignes de monter la garde de nuit. Cette
responsabilité semble avoir conduit à une correspondance animée entre le
pasteur Glasell et le consistorium, sur tantôt l’un tantôt l’autre des prisonniers
ayant passé aux aveux, en ce qui concernait leur caractère ou leur situation
religieuse. Dans les cas particulièrement importants le pasteur du château se
tournait en fait vers la direction compétente du diocèse à Göteborg et ensuite
présentait son rapport au chapitre diocésain réuni sous la présidence de l’évêque
Wingård. Quant au point de vue des officiels de Carlsten sur les âmes des
prisonniers, l’instruction suivante du commandant en fournit un témoignage :
« Le prisonnier n° 110 Söderqvist s’est, pendant les travaux de la Couronne conduits
hier, à 10 heures du matin, à la suite d’une chute depuis le mur du fort à la Porte royale sud,
heurté si rudement la tête qu’il en est mort. Monsieur le Pasteur du château a connaissance
de sa pratique religieuse et fait en sorte que l’enterrement et l’inhumation du prisonnier
Söderqvist s’accomplissent conformément aux prescriptions de l’Eglise ».
Comme il a déjà été mentionné, les condamnés à vie présents à Carlsten
étaient fortement poussés aux aveux et, quand l’un d’eux reconnaissait son
crime, que ce fût devant le pasteur ou le commandant, il s’ensuivait
habituellement un procès devant le tribunal de dernier ressort. Comme leur
crime était souvent de la plus lourde catégorie, relevant de la peine de mort, il
arrivait fréquemment que l’exécution ait lieu à Carlsten. Ladite exécution se
faisait par pendaison, la potence étant installée dans la Grande cour intérieure,
sur la petite zone aujourd’hui plantée en verger. Lors des exécutions deux
prisonniers étaient choisis dans chaque cellule destinés à être pour leur propre
édification les témoins de la mort de leur camarade.
On peut encore voir dans le mur les crampons de fer etc. auxquels la
potence étaient attachée. Au reste les exécutions avaient lieu aussi dans l’ancien
temps à l’endroit appelé « colline de la potence » à Koön et à « Stegelberg » (la
hauteur où se trouve actuellement la ruine du Gustavsborg)
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