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En 1783 le nombre d’huileries au Bohuslän était seulement de 328, ayant
réalisé depuis les débuts de cette industrie en 1760 une production cumulée de
plus de 200.000 tonneaux d’huile, qui s’était traduite pour le pays par un
bénéfice de plus de 100 tonnes d’or. Il avait fallu pour atteindre ce résultat plus
de cinq millions de tonneaux de hareng car on pouvait seulement obtenir trois
pots d’huile avec un tonneau de hareng. Le nombre de fours de cuisson en
activité s’éleva dans l’année mentionnée jusqu’à atteindre 1.092, qui n’étaient
pas non plus de taille négligeable, puisque à côté des petites chaudières
domestiques des paysans de moins de deux tonneaux de volume, on trouvait les
marmites géantes des grandes huileries, qui pouvaient approcher une capacité
de plus de 100 tonneaux et permettaient trois cuissons différentes par jour. Ces
chiffres donnent une bonne idée de la dimension de cette industrie et indiquent
également le grand nombre de gens qui devaient séjourner dans nos régions
durant cette période.
On pourrait croire volontiers que vingt cinq ans de pêche au hareng à
l’échelle où celle-ci fut conduite jusqu’à la fin auraient dû produire à la longue
une diminution des bancs de harengs; or au contraire ceux-ci commencèrent
vers la fin du XVIII
ème
siècle à se manifester en quantités encore plus
importantes, de sorte qu’à la fin on pouvait acheter le hareng pour seulement
quelques shillings par tonneau et qu’au reste on ne savait quasiment plus quoi
en faire. Les bancs se pressaient vers la côte en de telles masses qu’on pouvait
prendre du hareng loin en amont de Göteborg dans le fleuve jusqu’à Tingstad ;
il arriva une fois que le hareng, suivant son chemin sans être arrêté jusqu’au
plus profond de l’archipel, pénétra dans le fjord d’Åby, cassa la glace et se
pressa à travers les trous ainsi créés. Et pourtant cette glace tenait longtemps
quand on l’attaquait à cheval.
Alors que les huileries mentionnées plus haut fournissaient annuellement
en moyenne 11.000 tonneaux d’huile, par la suite la production annuelle fut
poussée jusqu’à pas moins de 120.000 tonneaux ! L’année 1787 dépassa toutes
les années précédentes avec une prise de hareng de trois millions de tonnes,
dont 600.000 furent utilisés à la consommation directe, tandis que le reste allait
aux huileries. Après que la décennie qui suivit eut connu des prises inouïes, la
pêche au hareng commença à marquer un recul en 1796, du fait que les bancs
arrivaient toujours plus tard à l’automne, de sorte que la pêche était gênée par la
glace.
En 1808 la pêche au hareng cessa subitement comme par un coup de
baguette de « troll »
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. Alors qu’on avait pris l’année précédente 700.000
tonneaux, on récupéra à peine l’année suivante quelques milliers de tonneaux:
ensuite le hareng disparut pour 70 ans jusqu’à ce qu’il revienne en grandes
quantités pour la première fois en décembre 1878. Ce que cette triste fin signifia
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être surnaturel de la
incarnant les forces naturelles, présent dans les
mers, les montagnes et les forêts, doué de pouvoirs magiques