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          Marstrand, traduits devant le directeur des douanes et le magistrat et
        
        
          condamnés.
        
        
          L’exécution eut lieu le 8 mars au domaine de Brannehög à Solberga qur
        
        
          une colline, qui s’appelle encore aujourd’hui le Stegelberg. Conformément aux
        
        
          rudes lois de l’époque, les tortures les plus sévères furent infligées aux
        
        
          condamnés. Les Ecossais furent d’abord suspendus dans la fumée, puis on leur
        
        
          arracha les entrailles, qui furent fixées à un pieu, autour duquel ensuite on les fit
        
        
          tourner de sorte que les intestins et le reste se vidassent. Finalement les
        
        
          meurtriers furent saisis avec des pinces incandescentes et jetés sur un bûcher
        
        
          brûlant.
        
        
          Ce sanglant fait divers fournira plus tard à la romancière Selma Lagerlöf
        
        
          le sujet de son roman
        
        
          Les écus de messire Arne
        
        
          , qui reprend fidèlement la
        
        
          chronique, à l’exception des détails de l’exécution des assassins, jugés sans
        
        
          doute trop pénibles pour le lecteur. Une note romanesque supplémentaire sera
        
        
          toutefois apportée à l’histoire, en faisant la petite fille dénonciatrice (Elsalill)
        
        
          amoureuse du chef des tueurs, le beau Sir Archie, et mourant, après l’avoir livré,
        
        
          alors qu’elle lui servait de bouclier humain pour l’aider à se sauver, du coup de
        
        
          lance d’un soldat gardant la porte du cabaret.
        
        
          L’auteur saisira aussi cette occasion pour nous donner une description de
        
        
          Marstrand « au temps où le roi Frédéric II de Danemark régnait en Bohuslân » :
        
        
          « Dans la partie de l’île de Marstrand tournée vers l’intérieur de l’archipel
        
        
          et qui était protégée par une ceinture d’îles et d’îlots, s’étendait la ville avec ses
        
        
          maisons et ses divers bâtiments. La population y fourmillait dans les rues et les
        
        
          ruelles, et c’est là que se trouvait le port où se pressaient bateux et navires, c’est
        
        
          là qu’on salait le hareng, qu’on nettoyait le poisson, c’est là que s’élevait
        
        
          l’église entourée du cimetière et la mairie. C’est là qu’on avait établile marché.
        
        
          De grands arbres au feuillage mouvant ombrageaient la ville en été.
        
        
          « Du côté où l’île de Marstrand regardait à l’ouest vers le large et n’était
        
        
          protégée ni par des îles ni par des récifs, on ne voyait que des rochers nus et
        
        
          déserts et des promontoires déchiquetés qui s’avançaient dans les flots.
        
        
          Quelques touffes de bruyère y dressaient leurs pointes brunes et des ronces
        
        
          piquantes y prospéraient entre les trous des loutres, les tanières des renards et
        
        
          les nids des eiders et des mouettes. Mais pas un sentier, pas une maison, pas un
        
        
          être humain. »
        
        
          Comme nous sommes en hiver, un hiver exceptionnellement rude, nous
        
        
          précise la future prix Nobel, Marstrand est enfermée dans la banquise, qui
        
        
          bloque le navire sur lequel comptaient les Ecossais pour rentrer chez eux et qui
        
        
          permet au pauvre marchand de poisson Torarin, le héros de l’histoire, de
        
        
          regagner sans prendre ni bateau ni bac sa cabane au sommet de l’île.
        
        
          L’incendie de Marstrand en 1586