 
          119
        
        
          Quand on lit les descriptions contemporaines de la vie à Marstrand
        
        
          pendant les meilleures années de cette période du hareng, il est à peine
        
        
          nécessaire de mentionner que le respect pour la vie et la propriété d’autrui
        
        
          n’était pas tenu en grande considération dans le contexte d’alors. Il se produisait
        
        
          souvent des agressions armées et le mot du roi Frédéric sur « les bandits et les
        
        
          Ecossais » qui rôdaient à Marstrand pour tuer et voler s’était trouvé bien
        
        
          justifié. Vers la dernière année de la pêche au hareng se produisit même un
        
        
          événement qui émut fortement les esprits - le meurtre du prêtre de Solberga - un
        
        
          acte qui attira l’attention plus que d’ordinaire, car un service divin était alors en
        
        
          cours là-bas et les gens lièrent ce meurtre à l’arrêt brutal de la pêche au hareng
        
        
          l’année suivante qui en était la punition.
        
        
          En ce qui concerne le fait lui-même, qui se produisit dans une des
        
        
          paroisses voisines de Marstrand, voici ce que raconte un ancien chroniqueur:
        
        
          « D’après les anciens curés qu’il a été possible d’interroger il s’est produit dans ce
        
        
          pastorat ce qui suit.
        
        
          Le premier monsieur Arne mais je ne sais pas exactement quand. Il fut misérablement
        
        
          assassiné ainsi que son prêtre auxiliaire, son fils et son frère qui était venu en visite, et ce de
        
        
          nuit par trois Ecossais qui étaient venus un soir d’hiver et avaient loué une maison dans une
        
        
          ferme voisine nommée Brannehög en se faisant passer pour des compagnons tanneurs; quand
        
        
          ils eurent séjourné sur place quelque temps et se furent renseignés sur tout, ils prirent leurs
        
        
          couteaux et les affilèrent, ce qui avait étonné les gens de la ferme à Brannehög, mais ils n’en
        
        
          dirent apparemment rien ni ne savaient ce qu’ils projetaient. La nuit suivante tous s’étaient
        
        
          couchés et s’étaient endormis, ils allèrent au presbytère, où ils saisirent d’abord les valets et
        
        
          les servantes et les tuèrent, ensuite se jetèrent à grand fracas sur le prêtre, monsieur Arne, puis
        
        
          sur le prêtre auxiliaire, et pour finir sur une jeune demoiselle, qui en entendant ce bruit s’était
        
        
          fourrée dans la cheminée, mais qui fut trouvée et aussitôt tuée, sans égard pour ses
        
        
          implorations, supplications, prières et larmes. Ils raflèrent toutes les espèces, or et argent,
        
        
          montèrent sur le traîneau du prêtre, attelé avec le propre cheval du prêtre, gagnèrent la route
        
        
          de Marstrand et, quand ils arrivèrent devant Marstrand, firent disparaître sous la glace le
        
        
          cheval avec le traîneau vide. Or avant de sortir du presbytère ils y avaient mis le feu. Quand
        
        
          les gens de Socknen s’aperçurent de l’incendie, ils accoururent tous ensemble et trouvèrent le
        
        
          prêtre auxiliaire qui vivait encore mais n’avait pas la force de dire quoi que ce soit, sauf
        
        
          indiquer avec ses trois doigts qu’il y avait trois meurtriers;  ceux-ci furent dénoncés un peu
        
        
          plus tard dans un cabaret de Marstrand par une petite fille, qui pendant que ces assassins
        
        
          étaient à l’oeuvre se trouvait au presbytère à leur insu dans le four et eut l’occasion d’entendre
        
        
          au cabaret, où elle se tenait dans un coin près de la porte, un des meurtriers dire à l’autre :
        
        
          Bois, mon frère, l’argent de monsieur Arne est encore là. La jeune fille raconta cela à la
        
        
          tenancière de la maison, cette dernière alla droit chez le magistrat [le maire], qui les fit arrêter
        
        
          aussitôt, sur quoi ils avouèrent tout. Ils reçurent leur châtiment à Brannehög, où ils
        
        
          séjournanient, rôtis et brûlés vivants jusqu’à la mort, et un des meurtriers exprima le regret
        
        
          d’avoir tué la jeune demoiselle et de ne pas avoir voulu l’épargner
        
        
          Un certain nombre de faits supplémentaires concernant le meurtre de
        
        
          monsieur Arne sont connus. Il eut lieu le 5 février 1586 et c’est seulement un
        
        
          mois plus tard que que les meurtriers furent arrêtés dans un des cabarets de