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          Parmi les grandes pêches au hareng dont les annales du Bohuslän
        
        
          conservent le souvenir, il n’en est aucune qui ait atteint l’ampleur de celle qui
        
        
          fut menée de 1747 à 1808. On peut affirmer avec une quasi-certitude que la
        
        
          pêche au hareng de la seconde moitié du XVIII
        
        
          ème
        
        
          siècle n’a pas été égalée,
        
        
          même de nos jours, malgré tous les moyens techniques dont nous disposons
        
        
          maintenant. Il y a en effet une différence significative entre la façon de pêcher
        
        
          maintenant et jadis, et la pêche au moteur qui a commencé il y a une dizaine
        
        
          d’années avec les sennes refermables a peu en commun avec la pêche à la senne
        
        
          côtière des anciens temps. Aujourd’hui, en notre début de XXI
        
        
          ème
        
        
          siècle, il faut
        
        
          sortir en pleine mer - entre autres en direction de la côte danoise - pour faire des
        
        
          prises, alors que jadis les bancs de hareng se tenaient à proximité de la côte, en
        
        
          telles masses, presque sur toute la longueur du Bohuslän, que pour pêcher il
        
        
          suffisait aux pêcheurs d’aller sur le rivage en face de leur hameau et de
        
        
          « ratisser l’eau », et ce, dans toutes les baies et autour de chaque île.
        
        
          Pour expliquer cette siuation, il faut tenir compte aussi de l’influence de
        
        
          la saison. Jadis les bancs de hareng arrivaient dans les fjords dès août ou
        
        
          septembre, et la pêche au hareng se terminait en règle générale au moment de
        
        
          Noël. Aujourd’hui, au contraire, la grande pêche ne recommence que vers le
        
        
          changement d’année, quand le froid augmente. Par ailleurs, depuis longtemps,
        
        
          les conditions tant des vents que des courants sont plus imprévisibles et
        
        
          gênantes en pleine mer qu’à l’intérieur de l’archipel aux eaux calmes et
        
        
          beaucoup moins profondes. La pêche  y est donc plus difficile et plus aléatoire.
        
        
          Ces circonstances, combinées avec un accès au hareng qui allait alors
        
        
          s’améliorant chaque année, firent que la période harengère qui, après deux
        
        
          générations d’interruption, commença en 1747, entraîna un afflux soudain de
        
        
          richesse et transforma totalement en quelques décennies le caractère du
        
        
          Bohuslän, de sorte que la province, pour citer madame Flygare-Carlén
        
        
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          ,
        
        
          « devint à tous égards une première Californie ».
        
        
          La précédente période du hareng s’était terminée en 1680 et son souvenir
        
        
          s’était par la suite estompé. Il n’existait plus guère de matériel pour la pêche au
        
        
          hareng et la population menait une existence extrêmement pauvre, subsistant
        
        
          grâce aux cultures et à la pêche artisanale.
        
        
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          Emily Flygare-Carlsén (1807-1892), née à Strömstad, fille du capitaine de la marie
        
        
          marchande Rodger Smith, grandit dans l’archipel du Bohuslän, épousa à vingt ans le médecin
        
        
          Axel Flygare, avec qui elle vécut en Småland, veuve en 1833, rentra au Bohuslän, se consacra
        
        
          à la littératire, publie en 1838 son premier roman
        
        
          Waldemar Klein
        
        
          , partit quelques années plus
        
        
          tard pour Stockholm, où elle se remaria avec l’homme de loi et de lettres Johan Gabriel
        
        
          Carlén, continua à publier et fut la romancière la plus lue de son époque ; plusieurs de ses
        
        
          romans évoquent la vie dans l’archipel du Bohuslän