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          rapidement les impôts et autres prélèvements royaux sur la pêche au hareng,
        
        
          puisque le gouvernement danois était souvent forcé de se procurer de grosses
        
        
          sommes pour la poursuite de la dite guerre, en particulier pour repousser les
        
        
          forces suédoises tentnant d’envahir la Norvège danoise. Dans les circonstances
        
        
          ordinaires le directeur des douanes à Marstrand était seulement responsable
        
        
          devant la Cour des Comptes à Copenhague mais en temps de guerre il pouvait
        
        
          être invité par l’administration à verser directement de fortes sommes au
        
        
          commandant du fort de Vieux-Älvsborg (à l’entrée du fleuve Göta) pour la
        
        
          solde des mercenaires. Ce fut très certainement grâce aux riches revenus des
        
        
          pêches au hareng à Marstrand que Frédéric II de Danemark pût soutenir sa
        
        
          longue guerre contre la Suède d’Erik XIV.
        
        
          Marstrand, « la ville la plus dissolue du Nord »
        
        
          Les dispositions strictes concernant l’ordre et la police figurant dans les
        
        
          édits de Frédéric montrent que la vie à Marstrand pendant la grande période du
        
        
          hareng prit souvent des formes qui, vu de nos jours, semblent insolites.
        
        
          Les anciennes sources écrites mentionnent unanimement le mode de vie
        
        
          effréné de tous ceux qui, venant de pays très différents, étaient attirés à
        
        
          Marstrand, mus par le désir de gain ou le goût de l’aventure, et dont le nombre
        
        
          augmentait chaque année.
        
        
          Les premiers édits traitent déjà des questions d’ordre public dans la ville :
        
        
          quand la pêche au hareng continua de se développer, il devint toujours plus
        
        
          difficile de contrôler les gens; les documents publiés à l’époque sont remplis de
        
        
          rapports sur toutes sortes d’atteintes à la législation alors en vigueur au
        
        
          Bohuslän.
        
        
          Vers la fin de la période du hareng il semble même que les désordres
        
        
          aient augmenté à Marstrand, forçant le roi à recourir à des mesures extrêmes.
        
        
          Ainsi par exemple en 1586 Frédéric II fit-il promulguer une décision royale
        
        
          concernant « une bande d’individus douteux et dépravés, Ecossais ou autres
        
        
          nationaux, qui rôdent par le pays, dérobent les marchandises et l’argent du
        
        
          public, commettent meurtres et assassinats, et mènent leurs affaires au détriment
        
        
          des sujets du roi ». Au cas où de semblables individus étaient capturés sans être
        
        
          munis de documents légaux ils étaient expulsés ; s’il y avait crime ou délit
        
        
          constaté, ils étaient mis aux fers et employés aux travaux publics.
        
        
          Le décret royal sur l’interdiction de porter des armes dans les rues de
        
        
          Marstrand trouvait une justification suffisante dans la rivalité entre les
        
        
          différentes nations qui s’y rencontraient, une rivalité qui s’exprimait
        
        
          quelquefois dans des rixes sanglantes. Finalement Frédéric II dut créer des
        
        
          gardes-champêtres royaux spéciaux qui reçurent, entre autres, le privilège
        
        
          exclusif d’effectuer des interventions à main armée. En 1575 un citoyen de
        
        
          Copenhague nommé Christoffer Burdschier fut nommé garde-champêtre à