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Déjà dans les anciennes sagas nordiques le hareng est décrit comme une
marchandise importante et à mesure que le contenu des sagas passe de la
légende à l’histoire, les descriptions de la pêche au hareng deviennent de plus
en plus précises. On se rend compte à quel point la prospérité du Bohuslän était
en relation directe avec la venue du hareng et comment la situation politique
locale elle-même était de façon non négligeable affectée par la plus ou moins
grande richesse de la pêche au hareng.
Les signes les plus anciens de la pêche au hareng au Bohuslän
appartiennent à un passé éloigné: les remarquables et très antiques inscriptions
sur pierre retrouvées dans la province donnent déjà occasionnellement par leurs
dessins et chiffres en forme de rébus une indication de la richesse de cette
activité. Les recherches particulièrement approfondies qui ont été menées sur la
vie au Bohuslän dans les temps antiques ont apporté des preuves sans nombre
de l’importance que la pêche avait pour les habitants de cette région, dont la
population en ces temps anciens vivait en grande partie comme les nomades
d’aujourd’hui et seulement plus tard ajouta le travail de la terre aux vieilles
ressources nourricières qu’étaient la chasse et la pêche.
Snorre Sturlasson, le grand chroniqueur islandais, qui visita lui-même le
Bohuslän, est le premier à faire état de la pêche au hareng en cet endroit,
racontant entre autres comment sous le règne des fils de Gunhild « le poisson
manquait à proximité des plages » et que de ce fait une grande misère régnait
dans l’empire du nord. En revanche il indique que lors de l’avènement de
Haakon Jarl (970) le hareng commença à se rapprocher de la côte : ce récit
constitue même la première mention authentique qu’on puisse trouver de la
pêche au hareng au Bohuslän.
En ce qui concerne l’absence de hareng dans les années de privation
précédant l’an 970, il y avait au Moyen-Age une vieille légende, racontée en
son temps par le prêtre norvégien Peder Claussön qui écrivit à ce sujet ce qui
suit: « Mais on dit au bord du golfe qu’il y avait là jadis une très abondante
pêche au hareng, qui aurait disparu par sorcellerie, quand de mauvais hommes
auraient par magie déposé un cheval de cuivre dans la mer et par ce moyen
chassé le hareng du rivage ».
On a même voulu croire que la pêche au hareng mentionnée par le prêtre
norvégien dans sa légende serait en fait une autre plus tardive mais en tout cas
l’histoire de la magie du cheval de cuivre est caractéristique de la conception
qu’on se faisait dans les temps anciens des causes de la fin soudaine des grandes
pêches juste au moment où le hareng était le plus abondant.
Si maintenant nous suivons les différentes périodes du hareng dans
l’ordre chronologique en partant de celle qui a commencé peut-être en 970 et
s’est poursuivie jusqu’à 1030 environ, nous trouvons mention de ladite période
dans la saga de saint Olof Haraldsson, où ce roi est dit avoir en 1020 interdit
toute exportation de marchandises du Viken (l’actuel Bohuslän) au