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          Au moment où commença la période du hareng des années 1260-1350,
        
        
          les Hanséates s’installèrent tout de suite à Marstrand et cherchèrent vite à se
        
        
          faire exempter d’un certain de nombre de charges légales. Brème et Lubeck en
        
        
          particulier réussirent à s’affranchir de plusieurs droits et taxes sur le hareng,
        
        
          alors qu’ils étaient en concurrence avec les Anglais, qui en vertu d’une
        
        
          autorisation du roi de Norvège datant de l’an 1294 voulaient aussi prendre part
        
        
          à la pêche au hareng au Bohuslän.
        
        
          Des combats sanglants eurent lieu à cette époque entre étrangers rivaux :
        
        
          les vieilles chroniques rapportent abondamment à quel point le meurtre et les
        
        
          pillages  étaient alors quotidiens dans la région de Marstrand. On peut citer
        
        
          l’affaire suivante comme exemple des moeurs et de l’anarchie du temps: en
        
        
          1309 un navire chargé de blé venant d’Angleterre s’échoua près de Kalvsund ;
        
        
          son équipage s’entendit avec le représentant du roi à Marstrand Peder Dyre et
        
        
          son adjoint Erich Günnerssön en vue du sauvetage de la cargaison; pourtant
        
        
          cette dernière fut saisie intégralement; comme le capitaine du navire s’en
        
        
          plaignait, il fut mis en prison avec tout son équipage pendant presque deux ans
        
        
          et quand finalement le gouvernement anglais, à qui les faits avaient été
        
        
          rapportés, se plaignit à son tour auprès du roi de Norvège, l’envoyé anglais
        
        
          Goeffry lui aussi fut mis au cachot. Les Anglais étaient manifestement mal
        
        
          supportés à cette époque au Bohuslän.
        
        
          Les Hanséates continuèrent à occuper une position dominante : en 1314
        
        
          ils reçurent du gouverneur du Bohuslän, le duc Erik Magnusson, des privilèges
        
        
          particuliers pour la pêche au hareng. Cependant ces droits étaient donnés
        
        
          exclusivement aux habitants de la ville de Kampen (aux Pays-Bas sur le
        
        
          Zuiderzee), appartenant à la branche westphalienne de la Ligue hanséatique.
        
        
          Vers 1350, quand la pêche au hareng cessa au Bohuslän et quand au reste
        
        
          une épidémie de peste ravageait toute l’Europe du Nord, interrompant le
        
        
          commerce et la navigation maritime, la pêche hanséatique ne s’en poursuivit pas
        
        
          moins au Bohuslän. Les liens avec la Ligue hanséatique furent maintenus en
        
        
          tout état de cause à un tel niveau que celle-ci continua à dominer le commerce
        
        
          de la Norvège et que Marstrand, où les gens de la Hanse avaient un marché
        
        
          profitable malgré la dépression, prit alors une grande importance.
        
        
          Pourtant les temps de troubles revinrent vite - à la suite de la grande
        
        
          guerre de la Hanse contre le Danemark de 1361 à 1370, à laquelle pas moins de
        
        
          77 villes hanséatiques prirent part. La Norvège elle-même fut impliquée dans
        
        
          ces combats et, après que le gouverneur provincial à Bohus, au sud de
        
        
          Marstrand, Gottschalk Skarpenberg, eut capturé cinq navires de Kampen et de
        
        
          Hardewijk avec leur cargaison, on en vint à la guerre ouverte. En 1368 les
        
        
          flottes de  la Hanse vinrent ravager les côtes de Norvège et ce furent
        
        
          précisément les citoyens de Kampen, autrefois détenteurs des privilèges cités
        
        
          plus haut, qui conduisirent les campagnes dévastatrices d’alors.