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Marstrand et un an après Jacob Pommer fut investi en supplément des mêmes
fonctions. Il leur incombait aussi de faire rapport au directeur des douanes de
tous les cas que l’application de la loi les avait amenés à traiter.
La forte activité des débits de bière et de vin était un autre facteur
contribuant à faire couler le sang parmi la société mêlée qui se rassemblait à
Marstrand en provenance de tous les pays pendant la pêche au hareng. Quand
les Hanséates commençèrent leurs opérations commerciales en Norvège au
milieu du XIIIème siècle, ils investirent spécialement dans la vente de bière et
de vin à la population. Quand plus tard Marstrand du fait de la pêche au hareng
devint le centre du commerce étranger, la consommation de boissons augmenta
à un tel point que le roi dut intervenir contre leur abus.
Personne n’a mieux été en mesure de dépeindre la vie et les mœurs à
Marstrand à cette époque que le prêtre norvégien Peder Claussön déjà cité, qui
vécut à l’époque de la grande pêche au hareng. Cet homme remarquable, qui
aujourd’hui encore apparaît comme un des penseurs les plus distingués qu’ait
connus la Norvège, a donné dans son ouvrage « Description vagabonde de la
Norvège et des îles avoisinantes » une relation détaillée de la vie à Marstrand
durant les années les plus productives - mais aussi les plus troublées - de la
pêche au hareng. Son récit confirme dans plus d’un cas le jugement
contemporain porté sur Marstrand comme « la ville la plus dissolue du Nord »
Ainsi dans ce passage:
« Les habitants du Golfe ont été si méchants à l’égard des étrangers venus ici pour
pêcher qu’ils les ont accueillis avec des coups et des coups encore, des injures et des
malédictions, de sorte que personne, du pays ou de l’étranger, ne pouvait pêcher chez eux en
sécurité, à moins d’être assez forts ou d’être plusieurs ensemble afin de pouvoir résister. Et
beaucoup sont privés à la fois de poisson et de filets. Ils vident aussi le filet d’un autre comme
si c’était le leur pendant des jours entiers quand ils peuvent se glisser jusqu’à lui. S’ajoute à
cela la vie pécheresse que mènent les populations côtières qui vivent ici dans l’ivresse, la
prostitution et la dissipation, le meurtre, les coups qui entraînent la mort et les autres
agressions, ainsi que tant d’autres vices grossiers. »
La vie de l’époque est décrite en termes similaires dans un autre ouvrage
contemporain « La mare aux cochons norvégienne », qui décrit Marstrand de la
façon suivante:
« A Marstrand et dans toute la région avoisinante dans un rayon de dix milles les
prostituées et les fripons se rassemblent à la Saint-Michel quand Dieu donne sa bénédiction. Il
y a là un lieu où les prostituées sont autorisées à racoler, chacune ayant donné au douanier un
thaler, la chose est bien connue de tous ceux qui ont des affaires là-bas. »
Le meurtre du prêtre de Solberga