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1949, veuf depuis cinq ans, Axel décida d’effectuer un voyage en Amérique du
Sud au lac Titicaca, le plus haut du monde. Voulant pour cette expédition une
compagnie féminine, il réussit à convaincre, à défaut de sa petite-fille Béatrice,
qui se déroba, sa nièce Britta, une des jumelles filles de son frère Bertil, jolie
femme de 33 ans, de venir avec lui, ce qu’elle fit au grand déplaisir de son mari.
Cette même année 1949 avait été marquée par un grave accident
d’automobile survenu à son fils aîné Axel IV, qui devait obliger ce dernier à
cesser toute activité pendant près de dix ans. Quand en 1952 le fils aîné d’Axel,
Gérard Axel V, se marie, le grand-père Axel accueille le jeune ménage au 8, rue
des Marronniers. Après trois filles naît en 1955 Axel VI, premier garçon de la 3
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génération des Egnell de France, juste à temps pour que son arrière-grand-père
le connût.
L’âge venant, Axel Egnell se détacha de plus en plus des affaires de la
société Mors. Celle-ci était confrontée au tarissement des commandes de la
SNCF après l’achèvement du réseau de signalisation électrique et à une
concurrence de plus en plus vive française et internationale pour ses autres
activités et fabrications. Une tentative de diversification dans le nouveau
secteur, en pleine expansion, du scooter échoua. En 1952, âgé de soixante-
quinze ans, Axel Egnell quitta la présidence de l’entreprise qu’il avait conduite
pendant près de cinquante ans. Il fut remplacé par Marcel Meunier, industriel de
la construction mécanique à Levallois-Perret, vice-président du CNPF, qui ne
s’en occupa guère. En 1958, un an après la mort d’Axel Egnell, Marcel Meunier
céda sa place à Hubert de Turckheim, d’une famille alsacienne de maîtres de
forges liée aux Dietrich, qui assuma également les fonctions de directeur
général, Hjalmar Egnell quittant la société. Son nouveau patron ne pourra
qu’engager Mors, dont la famille Egnell s’est retirée, sur la voie douloureuse
des restructurations et fusions.
Retiré des affaires, Axel Egnell choisit de s’installer à Lugano, en Suisse
italienne, dans un appartement, via
Nassa, près du lac. Il y est servi par sa
gouvernante Betty. Il revient en France
de temps en temps voir ses enfants et
petits-enfants, que chaque fois il traite
somptueusement, au Ritz à Paris ou -
pour ceux qui sont restés fidèles à
Villers, Axel IV et sa famille ayant
choisi d’émigrer à Noirmoutier - dans les
restaurants huppés de la Côte Fleurie
autour de Villers (Guillaume le
Conquérant à Dives, les Aunettes à
Auberville, le Grand Bec à Villerville, la
ferme Saint-Siméon à Honfleur). Il continue aussi de retourner à Marstrand,
Le parc du Paradis et la maison Egnello