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Combes » et fidèles de Pie X, la belle-mère et le gendre ont au cours des repas
familiaux des conversations de haute tenue sur la religion, la philosophie,
l’histoire et la culture, auxquelles Marie-Thérèse, d’esprit plus pratique,
participe peu. Quand en 1912 la famille déménage au 181, rue de Courcelles,
Edith viendra vivre avec eux. Elle les suivra ensuite au 8, rue des Marronniers,
où elle occupera un petit appartement indépendant. Elle verra grandir ses petits-
enfants et les entourera de son affection. Elle mourra en 1928.
Le 13 avril 1914 naît un quatrième enfant, une fille : Dagmar dite Daggy.
L’accouchement a été très douloureux et Marie-Thérèse déclare que cette fois
« c’est fini pour elle ». Une telle décision provoque un certain éloignement
entre les deux époux. Toutefois la stabilité du foyer familial ne sera pas
menacée.
Durant les dix années qui précèdent la Grande Guerre, Axel Egnell, en
charge de la Société d’électricité Mors, donne à cette entreprise une impulsion
déterminante. L’efficacité du « block system », démontrée sur la ligne Paris-
Chantilly, met l’entreprise en bonne position auprès des compagnies de chemins
de fer (la SNCF ne sera créée que beaucoup plus tard en 1937 par le
gouvernement du Front populaire). L’activité prendra une extension encore plus
importante après la guerre quand il faudra reconstruire les réseaux du Nord et de
l’est détruits par les hostilités.
En revanche, la Société des automobiles Mors, qui avait obtenu des
succès spectaculaires à ses débuts, en particulier une victoire dans la course
Paris-Berlin en 1906, et semblait pleine de promesses après l’arrivée d’un jeune
polytechnicien particulièrement brillant, André Citroën, dut cesser ses activités
pendant la guerre et fut rachetée par le même André Citroën lorsqu’en 1919,
abandonnant l’armement pour revenir à sa vraie passion, l’automobile, il fonda
sa propre société.
A la suite du décès de M. Mors puis de M. Bellan, Axel Egnell resta seul
à la tête de la Société d’Electricité Mors. Il put donner alors la pleine mesure de
son talent d’entreopreneur. Pour satisfaire les besoins des chemins de fer et faire
bénéficier leurs installations fixes de l’évolution rapide de la technique
électrique, il constitua un important bureau d’études, puis acheta à Sens
(Yonne) une fonderie, à laquelle il adjoignit un atelier mécanique en vue de la
construction de moteurs d’aiguillage, bientôt commandés à distance, pour
remplacer les matériels manœuvrés à la main. Depuis longtemps la société avait
quitté la rue du Théâtre ; elle était maintenant installée à Clichy sur un terrain
d’un hectare rue Petit. Le développement des techniques électriques mena la
société à se tourner vers l’électroménager, se lançant dans la fabrication d’une
gamme d’appareils : aspirateurs, cireuses, machines à laver le linge, qui
connurent très vite un vif succès.