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l’appartement de la rue Brémontier). Georges envoie des lettres affectueuses à
sa fille, mais pas ou peu d’argent.
Mme de Sornay s’inquiète donc légitimement de l’avenir de Marie-
Thérèse fiancée à un jeune étranger brillant et séduisant certes mais sans
situation stable. L’astronomie, la passion d’Axel, ne lui paraît pas une carrière
compatible avec l’entretien d’une famille. Or elle a une amie, madame Mors,
dont le mari, gros propriétaire parisien, est de plus un industriel à succès
Au Bois de Boulogne en automobile Mors vers 1910
Louis Mors, doté d’une grosse fortune, très introduit dans la société
parisienne, aurait pu mener la vie mondaine et oisive de la riche bourgeoisie de
l’époque. Mais, ingénieur sorti de Centrale, s’intéressant aux techniques
nouvelles, et particulièrement à deux d’entre elles qui lui paraissent promises à
un grand avenir, l’électricité et l’automobile, il a créé, avec son frère, la Société
d’électricité et des automobiles Mors, au capital de deux millions de francs,
dont le siège et les ateliers sont situés 28, rue du Théâtre, dans le 15
e
arrondissement. Il avait acquis le brevet d’une machine à fabriquer les fils
électriques. La société Mors s’est mise à installer dans les immeubles des
sonneries électriques et plus tard l’éclairage électrique. Il a ensuite acheté en
Allemagne la licence d’exploitation d’un procédé de signalisation électrique sur
les voies ferrées appelé « block system » et en 1902 a équipé ainsi la ligne
Paris-Chantilly.
Le même M. Mors avait fait construire à la fin du siècle dans le village de
Passy un hôtel particulier au milieu d’un parc qui englobait la presque totalité
du périmètre circonscrit aujourd’hui par les rues des Vignes, des Marronniers,
Raynouard et de Boulainvilliers. C’est dans ce parc qu’habitera le
polytechnicien René Boylesve, gendre de M. Mors, qui écrira à sa mémoire un