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menacé. Négociant avec les créanciers, Axel Egnell parvient à éviter le dépôt de
bilan de la banque, qui, grâce en particulier à la confiance de la clientèle
suédoise, peut poursuivre son activité avec un capital fortement réduit. Il
cherche ensuite à assurer son avenir à long terme en la regroupant avec d’autres
établissements financiers (Banque Argentine et Française, Banque Mutuelle
d’Etudes et de Crédit) également en difficulté, pour fonder en 1935 l’Union de
Banques à Paris (UBP), ayant son siège 22, place de la Madeleine, dont il assure
la présidence, une place qu’il cédera fin 1942 à Pierre Lebon, issu de la
B.M.E.C., avec qui il avait réalisé la fusion des trois banques. De même la
compagnie des téléphones Ericsson, dont Kreuger était devenu l’actionnaire
principal, a recours à sa compétence financière et l’appelle à son conseil
d’administration.
Quelles méthodes, on n’ose dire quelles « recettes », ont permis à
l’astronome devenu industriel qu’était Axel Egnell de rétablir une situation
aussi confuse et embrouillée ? Outre sa connaissance approfondie du droit des
affaires et des mécanismes financiers, il possédait cette qualité propre à un vrai
scientifque : l’honnêteté intellectuelle. Il y joignait l’esprit de décision, fruit
d’un tempérament naturellement autoritaire. Ces caractéristiques reconnues
incitaient ses partenaires à s’en remettre à sa sûreté de jugement et lui
permettaient d’imposer le modèle qu’il avait retenu.
A peine tournée la page de la crise, se profile la perspective d’une
nouvelle guerre européenne. Pressentant le développement des armements
qu’allait entraîner la militarisation de
l’Allemagne, Axel Egnell (par ailleurs grand
admirateur de la façon dont le ministre allemand
Hjalmar Schacht avait su redresser l’économie
de son pays) avait acquis de la Suède en 1938 le
brevet d’une fusée d’obus de DCA
particulièrement perfectionnée. Adoptée par les
services français de l’armement, sa fabrication
fut confiée aux ateliers mécaniques de Sens de
la société Mors, agrandis et renforcés. En même
temps le bureau d’études de la société Mors
avait mis au point une « mine mobile », montée
sur chenilles et télécommandée, destinée à être
lancée contre les chars, dont la production en
série ne put commencer à temps.
La réussite d’Axel Egnell, qui dispose
désormais de ressources financières personnelles
importantes, modifie les conditions de vie de sa
famille. En 1926, il achète un appartement de
600 m
2
aux 7
e
et 8
e
étages d’un immeuble 8, rue des Marronniers, récemment
Mariage de Hjalmar Egnell
avec Paulettte Philippon