157
Fiançailles donc, mais de projet de mariage, point encore, d’autant plus –
ou d’autant moins - qu’à la fin de son séjour au Danemark, Axel se retrouvera
en France sans emploi, car le poste qu’il occupait à Trappes n’existe
apparemment plus ou n’est plus pour lui. Il sollicite alors l’appui de M.
Teisserenc de Bort pour obtenir un emploi au Bureau Central de la
Météorologie Nationale. Celui-ci écrit au directeur du dit Bureau une lettre qui
témoigne de l’estime qu’il éprouve pour le jeune Axel Egnell, dont il vante le
jugement scientifique sûr, l’esprit d’organisation et la fermeté dans l’exécution
des travaux qui lui sont confiés, sans oublier les connaissances linguistiques.
Mais les postes sont rares et les opportunités dépendent des vacances qui se
produisent.
A son retour à Paris fin janvier 1903, il semble qu’Axel, à défaut d’un
poste à la Météorologie Nationale, ait pu obtenir un emploi de vacataire à temps
partiel à l’Observatoire de Trappes, qui lui permet parallèlement de s’inscrire à
la Sorbonne pour préparer une licence de sciences. Il obtiendra ensuite un
doctorat en mathématiques, soutenu en 1919 (la guerre est survenue entre-
temps) et poursuivra, tout en conduisant avec succès sa vie professionnelle
comme on verra, des recherches mathématiques de haut niveau, qui culmineront
dans son traité
L’Ochématique
(Le calcul vectoriel)
publié chez Gauthier-
Villars en 1926. Ces recherches lui fourniront l’occasion de travailler avec
Louis de Broglie. Il passera pour l’un des rares mathématiciens de son temps
capables de comprendre les théories d’Einstein. Il conservera également toute sa
vie sa passion pour l’astronomie et plus tard fera installer un observatoire au
sommet de son immeuble de la rue des Marronniers à Paris.
Homme de science dans l’âme, il ne connaîtra jamais en France qu’une
filière d’études valable : l’Ecole normale supérieure de la rue d’Ulm, dont il
avait fréquenté de distingués anciens élèves, et plus tard il apprendra avec
condescendance que son petit-fils Erik prépare l’Ecole polytechnique,
formatrice d’ingénieurs. C’est pourtant comme ingénieur qu’il va faire sa vie.
L’entrée dans l’industrie
Edith de Sornay, née Beringier, vit dans des conditions difficiles. Elle et
son mari, Georges de Sornay, se sont séparés dans les années 1890. Lui est
reparti pour son île natale, Maurice, dont il était revenu avec sa mère à l’âge de
trois ans après le décès de son père. De là, il ira tenter l’aventure à Madagascar,
se lancera dans le négoce, puis dans l’agriculture, sans grand succès. Edith
élèvera seule sa fille Marie-Thérèse, son enfant unique venu après la mort à un
âge tendre d’une première fille et d’un fils. Pour assurer la subsistance du foyer,
elle devra prendre des pensionnaires dans son appartement parisien, 10, rue
Brémontier, dans le 17
e
arrondissement (il se peut d’ailleurs qu’en septembre
1902 puis à son retour à Paris Axel ait logé dans une chambre de service de