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aussitôt qu’elle fut descendue du bateau. » Il s’ensuivit un mariage à Marstrand
le 4 janvier 1907. Sigrid et Vimar ont eu trois enfants, Per, Lennart, dont nous
reparlerons, et Inga Lena déjà nommée. De Göteborg la famille rend visite
régulièrement à la grand-mère Bertha à Marstrand, utilisant certainement le
service régulier par mer existant alors entre la grande ville et l’île. Inga Lena,
revenue en catastrophe de France au début de la seconde Guerre mondiale
comme nous avons vu, épousera en 1942 Otto Arvidson ; ils s’établiront à
Marstrand, où leurs fils Anders et Petter naîtront et grandiront
Les relations entre les deux frères Axel et Bertil passèrent par des hauts et
des bas. Axel était un industriel à la tête d’une entreprise de plus en plus
prospère et Bertil était très sensible à la réussite matérielle de son frère. Dans les
lettres adressées par Bertil à Axel il n’est le plus souvent question que d’argent.
Quand Axel acquit La Prairie à Villers-sur-Mer, Bertil envisagea d’acheter une
villa à proximité, mais le projet ne se réalisa pas. Par la suite, et surtout après la
seconde Guerre mondiale, leurs rapports se gâtèrent, donnant lieu à des scènes
parfois violentes quand Axel reparaissait à Marstrand, envenimées par la
consommation d’alcool immodérée de l’un et de l’autre. Nous verrons quelle
occasion provoqua leur brouille définitive.
Une ténébreuse affaire
Lorsqu’éclata la guerre de 1914, Axel Egnell, établi en France depuis
quinze ans, fondateur d’une famille française, veut se faire naturaliser français
et s’engager. Sa belle-mère l’en dissuade, lui faisant valoir qu’il sera beaucoup
plus utile à la France en conservant sa nationalité suédoise et en favorisant le
développement des rapports entre les deux pays. En ces moments difficiles la
France a besoin des pays neutres et de bons intermédiaires auprès d’eux. Axel
se range à ce point de vue. Dès septembre 1914 il fonde l’Amitié franco-
suédoise. En 1915 il participe à la création de la Chambre de Commerce
suédoise en France et entre à son conseil. Il en sera nommé président en 1920 et
restera membre de son conseil jusqu’en 1946. Signe que les autorités françaises
apprécient son action, il est fait chevalier de la Légion d’Honneur le 4 avril
1919.
Son implication dans les relations économiques franco-suédoises l’amène
à retourner en Suède où, conformément à l’engagement pris vis-à-vis de sa
belle-mère, il n’était plus allé depuis son mariage. Il retrouve sa famille et en
particulier son frère Bertil, resté à Marstrand et engagé dans une entreprise de
construction et réparation navale à Koön en face de l’île de Marstrand. Mais son
action au service des intérêts des Suédois en France et sa compétence reconnue
de chef d’entreprise vont avoir pour conséquence qu’il sera sollicité quand
éclate l’affaire Krueger.