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sans ilusion, ne se donna même pas la peine d’adjoindre à son nom un numéro
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.
On ne peut exclure que ces souverains d’origine allemande n’aient été sensibles
aux pressions des villes hanséatiques, peu soucieuses de se voir crééer une
concurrente : n’avaient-elles pas déjà brûlé purement et simplement la ville au
milieu du XIV
ème
siècle ? Les Marstrandais n’en poursuivirent pas moins leurs
efforts et renouvelèrent en 1762 puis en 1771 leur proposition, qui à ces deux
occasions ne concernait pas seulement Marstrand mais aussi Visby et Slite. Ce
plan nouveau et audacieux souleva un intérêt accru mais fut rejeté par le Conseil
des Affaires Commerciales (Commerce Collegium), bien qu’un certain nombre
de personnalités influentes fussent très en faveur de l’affaire. Ce fut seulement
quand les Marstrandais en 1774, deux ans après l’avènement du régime
autocratique instauré par Gustave III, le fils d’Adolphe Frédérik et de
l’impérieuse Louise-Ulrique de Prusse
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, renouvelèrent leur demande, que celle-
ci reçût l’approbation du roi.
Un examen plus attentif des documents relatifs aux efforts que les
citoyens de l’île et d’autres personnes intéressées à l’affaire déployèrent pour
atteindre leur objectif, montre quelle importance on attachait dans les cercles les
plus différents à la réalisation d’un port franc à Marstrand. Déjà en 1746 quand
Carl von Linné séjourna dans la ville à l’occasion de son voyage en Göta
occidental, les habitants les plus distingués de cette province cherchèrent à
persuader le savant de mettre son autorité dans la balance auprès des hauts
fonctionnaires pour le succès de l’entreprise, en particulier avec l’idée que les
missions de Linné, subventionnées par l’Etat, n’étaient pas seulement de nature
scientifique, mais avaient aussi pour objet d’étudier
les possibilités de développement des différentes
régions.
Gustave III déclare Marstrand port franc
Le 15 août 1775 fut promulgué par Gustave
III à Ekolsund le décret remarquable, par lequel
Marstrand était déclaré port franc.
Cette importante décision royale comportant
l’octroi de libertés étendues avait la teneur qui suit
et avait été contresignée par un ministre des finances
Gustave III
qui aura rendu un service signalé à l’économie
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Adolphe-Frédéric fonda la dynastie purement allemande de Holstein-Gottorp, qui allait durer
jusqu’en 1818, menant difficilement la Suède à travers la période critique de la révolution française et
de Napoléon ;
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Louise-Ulrique de Prusse, sœur de Frédéric II, le grand Frédéric, fut également une femme
cultivée qui fit construire le théâtre de Drottningholm