32
Par ordre du Bourgmestre et du Conseil
(nom)
A côté de la bienveillance ainsi accordée aux débiteurs, il y avait deux
facteurs qui contribuaient à attirer à Marstrand des gens de bien meilleur acabit.
Tout d’abord le droit d’échapper à l’emprise des corporations - situation
remarquable à une époque où celles-ci constituaient une puissance dominant
toute l’Europe. Ensuite la liberté de religion - là encore une situation rare à cette
époque, et qui attirait un grand nombre d’étrangers à Marstrand, parmi lesquels
beaucoup de réfugiés politiques et de juifs.
Tant au sein de cette catégorie plus honorable que parmi les
banqueroutiers précédemment mentionnés se trouvèrent des personnes d’origine
et de situation sociale distinguées, qui après leur arrivée à Marstrand y
occupèrent une position en vue, entre autres par leur participation à l’Exécutif
de la ville (Conseil du doyen). Les annales racontent même les grandes fêtes ou
« assemblées » que tenaient ces messieurs avec les notables de Marstrand et le
commandant de Carlsten accompagné de ses officiers chez le bistrotier (maître
de cave de la ville) de l’époque, dont l’établissement se situait du côté nord de
l’actuel Paradis.
D’après les états officiels, ce qu’on a appelé la « liste des spéculateurs »,
il vint à Marstrand à l’époque du régime de port franc plus de cinq cents
personnes en qualité de débiteurs, la cause de leur installation étant toujours
indiquée. Parallèlement toutefois arrivèrent d’autres réfugiés cherchant à
s’établir dans la ville libre de Marstrand pour des motifs plus « honnêtes ».
Ces motifs étaient souvent de nature très particulière. Ainsi, dans le cas
d’un certain baron P.S., est-il indiqué « économie dérangée » au lieu de l’usuel
« dettes ». Un apprenti relieur A.G. s’est enfui de Malmö « pour cause de
mauvais traitements infligés par son maître ». Le valet A.P. a voulu gagner la
ville libre de Marstrand « pour échapper au mariage » avec la fille d’I.Johann,
alors qu’au contraire le valet Lars A. et la « servante Märta » s’y sont rendus
« pour y conclure un mariage projeté contre la volonté des parents ». Le
brasseur D.C., de Stockholm, avait enfreint les règlements royaux sur les
brasseries etc. Par ailleurs on trouve parmi les réfugiés un certain nombre de
notabilités, qui en règle générale ont choisi de venir s’installer à Marstrand pour
échapper à leurs affaires embrouillées, ainsi :
-
le commissaire d’Etat, chevalier E.A., Stockholm
-
le comte N.O., Malmö
-
le directeur d’académie A.M., Uppsala
-
le lieutenant O. de H., Stockholm
-
l’assesseur médical D.S., Stockholm
-
le secrétaire de Cour d’appel T.C., Kristianstad
-
le secrétaire T.C. du Collège de Commerce de Copenhague
