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même des rondes étaient effectuées par les militaires de Carlsten. A Tjukvil sur
la terre ferme, par où depuis très longtemps passait le trafic terrestre vers
Marstrand ainsi qu’aux autres points du littoral utilisés à cet effet à proximité
sur la commune de Lycke une surveillance était organisée, car personne ne
pouvait entrer dans la ville port franc sans des papiers en règle. Enfin un poste
douanier similaire était également installé sur le canal de l’Albrechtsund
récemment creusé.
Ces importantes mesures de surveillance étaient inspirées par la crainte
que sur la grande quantité de marchandises soumises à droits de douane qui
arrivaient à Marstrand par voie de mer, où elles étaient librement introduites et
entreposées, une partie, par le jeu de la fraude et la contrebande, puisse entrer
dans le pays.
Pour en revenir au type de ville franche qu’était Marstrand, on peut
mettre dans ce mot deux significations - l’une, que Marstrand constituait une
« ville franche »
en ce qui concerne le commerce de marchandises étrangères,
de la même façon que la deuxième ville franche de la Suède à cette époque,
Eskilstuna, entre Stockholm et Örebro, avait pris une position unique et
privilégiée en matière d’implantation d’industries étrangères employant des
travailleurs immigrés - l’autre interprétation étant que Marstrand, en vertu du
neuvième paragraphe de sa charte de port franc, était devenue une « ville
affranchie » pour tous les débiteurs et auteurs d’autres irrégularités monétaires
ainsi que pour certains criminels, autres que ceux ayant commis des crimes de
sang ou d’honneur.
L’idée de cette remarquable forme de liberté avait été prise également aux
ports francs italiens et contribua de manière non négligeable à attirer sur place
un grand nombre de banqueroutiers, non seulement de Suède mais aussi de pays
plus éloignés, qui avaient trouvé là un Eldorado entre le commerce florissant et
la fructueuse pêche au hareng. Pourtant en 1792 le § 9 fut modifié de telle
manière que n’importe quel criminel fut autorisé à venir à Marstrand.
A leur arrivée à Marstrand les fugitifs recevaient du magistrat un
document intitulé « Speculant Bevis » (certificat de commerçant) dont la teneur
était la suivante:
Le Bourgmestre et le Conseil du Port-Franc et de la Ville Libre de Marstrand font
savoir que devant nous a comparu en personne aujourd’hui N.N. domicilié à N.N. qui nous a
fait savoir que...(suivait une déclaration sur la cause de la fuite à Marstrand)...et a demandé
à jouir de la protection et de la sécurité que promettent le point IX des hauts privilèges
decette Ville Libre ainsi que du décret gracieux promulgué par S.M. Royale le 15 août 1775.
Et comme le susdécrit N.N. a demandé un certificat de cette déclaration pour sa sécurité;
ainsi et à tout autre fin lui a été remis ceci muni du sceau de la ville et d’une signature
autorisée
Hôtel de Ville de Marstrand