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Chapitre 3
Le port franc de la Suède
Sous le nom de « porto franco » ou « port franc » on désigne
généralement une zone portuaire reliée directement aux différents ports du
monde et qui, du point de vue de son pays, doit être considérée comme un lieu
extérieur en termes de politique douanière, bien qu’obéissant pour le reste aux
lois du pays.
Dans les temps anciens les privilèges des ports francs étaient bien plus
étendus qu’aujourd’hui: un port franc se composait alors habituellement de
l’ensemble d’une cité maritime, qui se gouvernait sans se soucier et sans
interférence du gouvernement du pays auquel le port ou la cité appartenaient.
Le premier port franc de ce type fut la cité de Livourne en Italie, pays
dont la langue a fourni l’expression même de « porto franco ». Livourne fut, en
tant que port franc, une place de la plus grande importance pour le commerce
avec le Levant, dont l’exemple fut suivi par Gènes (1595), Naples (1633),
Venise (1661), Ancône et Messine (1723), qui à leur tour devinrent des ports
francs. Plus tard la France en 1669 créa un port franc à Marseille, suivi d’autres
à Bayonne, Lorient et Dunkerque. Ensuite vint l’Autriche en 1719 avec Trieste
et Fiume, ainsi que l’Angleterre en 1706 avec Gibraltar. Le premier port franc
de l’Allemagne fut Altona en 1664 (à l’exception d’une lettre de franchise
émise par l’empereur Frédéric Barberousse en 1189 pour Hambourg accordant
des avantages douaniers limités), tandis que les trois villes hanséatiques
Hambourg, Brème et Lübeck abolirent les droits de douane dans les années
1824-1833.
En ce qui concerne maintenant la Suède, le gouvernement de Charles XII
avait déjà formulé en 1712 la proposition de créer un port franc à Slite sur l’île
de Gotland mais l’affaire était restée sans suite car les guerres menées par le roi
(Poltava a eu lieu en 1709 et depuis lors il rêvait de revanche) paralysaient toute
initiative sérieuse en ce sens. C’est en 1747, quand Ulrike Eléonore, sœur de
Charles XII, a abdiqué au profit de son mari, Frédéric de Hesse-Cassel, devenu
Frédéric I
er
, tansis que le Parlement (Riksdag) s’arrogeait tous les pouvoirs, que
se manifesta le premier projet, émanant d’un groupe de citoyens de Marstrand,
de transformer cette ville en port franc pour la Suède mais cette nouvelle
tentative de faire aboutir une initiative importante pour le commerce du pays
resta elle aussi sans résultat et fut abandonnée en 1751, l’année où Frédéric I
er
décédé sans héritier fut remplacé par un autre prince allemand, Adolphe-
Frédéric, le beau-frère de Charles XII, ayant encore moins de pouvoir et qui,
